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Révision du Traité de Waitangi : Une Régression pour les Droits Maoris ?

En Nouvelle-Zélande, un projet de loi conservatrice initié par le gouvernement, dirigé par le Parti national de Christopher Luxon, soulève des inquiétudes parmi les communautés maories. Ce texte vise à modifier certaines dispositions du traité de Waitangi de 1840, traité historique garantissant des droits spécifiques aux Maoris, notamment la possession de leurs terres. La réforme inclurait aussi des changements comme la conversion des noms de départements du maori à l’anglais et la révision de l’autorité de santé maorie, perçue comme une menace pour les droits des peuples autochtones du pays.


◆ Reprendre depuis le début
L’histoire des Maoris en Nouvelle-Zélande débute il y a environ 700 à 1 000 ans, lorsque des peuples polynésiens ont migré vers ces îles, formant une société riche et complexe. Les Maoris ont développé des structures sociales basées sur les iwi (tribus) et les hapū (clans), avec des traditions orales, des chants, des danses (comme le haka) et des systèmes de croyances enracinés dans le respect de la nature.


Avec l’arrivée des Européens au XVIIIe siècle, les relations initialement cordiales entre Maoris et colons ont peu à peu dégénéré, en particulier après la signature du traité de Waitangi en 1840. Ce traité, censé garantir aux Maoris la propriété de leurs terres tout en établissant la souveraineté britannique, a été source de conflits et de malentendus, notamment en raison, officiellement, de différences entre les versions maorie et anglaise du texte. Ce qui a suivi a été une période de spoliation des terres, de guerres et de marginalisation progressive des Maoris.


Au XXe siècle, les Maoris ont entamé un processus de revitalisation culturelle et de revendications de leurs droits, notamment par le biais de la Couronne et de la Waitangi Tribunal, créé en 1975 pour régler les violations historiques du traité. Aujourd’hui, bien que des avancées aient été réalisées pour la reconnaissance des droits maoris, des défis persistent, notamment sur les questions de justice sociale, de santé et de préservation de leur culture.





@Pixabay


Marche arrière
La Nouvelle-Zélande fait face à une crise politique et sociale suite à un projet de réforme visant à réviser certains aspects du traité de Waitangi de 1840. Ce traité, fondamental pour les relations entre la Couronne britannique et les communautés maories, garantit notamment la possession. des terres et des droits culturels aux populations autochtones. Historiquement, ce texte représente un acte de reconnaissance de l’identité maorie, scellant un accord de cohabitation et de respect mutuel entre colons et peuples autochtones. Pour les Maoris, il symbolise bien plus qu’un document juridique : c’est un pilier de leur légitimité et de leur autonomie.



Le gouvernement conservateur actuel, dirigé par Christopher Luxon, propose cependant des changements controversés. Parmi ces réformes, le remplacement des noms de départements en langue maorie par des termes anglais et la dissolution de l’autorité de santé dédiée aux besoins maoris suscitent un fort mécontentement. Ces initiatives sont perçues comme une tentative de marginaliser l’identité et la culture maories au sein des institutions nationales. Cette démarche pourrait nuire à la représentation des Maoris dans des domaines essentiels, comme la santé publique, où des disparités existent encore. Le gouvernement, de son côté, défend la réforme comme un moyen d’uniformiser l’administration et de promouvoir l’égalité.




Préserver le peuple maori

En réponse, les communautés maories organisent des rassemblements et des manifestations pour défendre leurs droits. Ces actions traduisent une colère et une crainte immenses face à ce qu’elles perçoivent comme une tentative de régression des acquis sociaux et culturels acquis de longue date. Pour de nombreux Maoris, le traité de Waitangi incarne un pacte historique et moral selon lequel le gouvernement se doit de respecter l’intérêt de la justice sociale et de la paix entre les communautés. Cette situation met en évidence la nécessité de maintenir un équilibre entre tradition et modernité en Nouvelle-Zélande, et la nécessité d’un dialogue renforcé pour préserver la place des peuples autochtones dans la société néo-zélandaise contemporaine.

Alors que j’écris ces lignes, au Parlement néo-zélandais, une intense manifestation s’est déroulée aujourd’hui (14 novembre) lorsque des députés de Te Pāti Māori ont interrompu les débats pour exécuter un haka, protestant ainsi contre ce projet de loi controversé que soutient le chef du parti ACT, David Seymour. La députée Hana-Rawhiti Maipi-Clarke a initié la danse en déchirant des documents avant d’être rejointe par les co-leaders Rawiri Waititi et Debbie Ngarewa-Packer, ainsi que plusieurs membres du public présents dans l’hémicycle. La manifestation a poussé le président de la Chambre, Gerry Brownlee, à suspendre la séance et à ordonner l’évacuation. Cette démonstration souligne le mécontentement des communautés maories, qui craignent une érosion de leurs droits au profit de politiques perçues comme rétrogrades et discriminatoires.


« Il n’y a rien qui soit si nécessaire aux hommes que la danse. Sans la danse, un homme ne saurait rien faire. Tous les malheurs des hommes, les travers funestes dont les histoires sont remplies, les bévues des politiques et les manquements des grands capitaines, tout cela n’est venu que faute de savoir danser », Molière, Le bourgeois gentilhomme



Jessica Baucher


* Crédit photo en tête d’article : ©Pixabay

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