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Kenya : Des avancées mitigées dans la lutte contre l’excision

En Égypte, au Soudan, en Guinée et au Kenya, les mutilations génitales féminines (MGF) sont en augmentation, selon un rapport de l’Unicef de 2021. Le Kenya continue de pratiquer l’excision, tradition ancestrale, sur les jeunes filles malgré l’interdiction légale de 2011. Les familles contournent la loi en choisissant l’excision « médicalisée ». Les associations sont préoccupées par cette tendance, qui entrave les efforts pour éliminer cette forme de mutilation génitale féminine.



 Traditions
L’excision, pratiquée chez les Maasaï et dans certaines autres communautés africaines, est souvent perçue comme une tradition ancienne dont les origines remontent à des temps immémoriaux et liée à des croyances culturelles profondes et à des rituels de passage à l’âge adulte. Elle est considérée comme une étape cruciale dans le processus d’initiation des jeunes filles à la vie adulte. Souvent réalisée dans le cadre de cérémonies rituelles complexes et symboliques, l’acte est considéré comme une marque de pureté, de fertilité et de beauté, et est généralement perpétré sous la supervision de femmes plus âgées de la communauté. L’excision chez les Maasaï, comme dans d’autres cultures, est profondément enracinée dans les normes sociales et les valeurs traditionnelles. Elle est perçue comme un élément central de l’identité culturelle et de la cohésion sociale de la communauté.





©Pixabay


 État des lieux
Les autorités kényanes estiment que le taux de MGF (Mutilation Génitale Féminine) a diminué de plus de moitié entre 1998 et 2022, passant de 38% à 15%. Cependant, des ONG préviennent que les chiffres réels pourraient être en réalité bien supérieurs. Les MGF médicalisées sont soutenues à la fois par les praticiens et les communautés comme un moyen de préserver la tradition, malgré les dangers pour la santé physique, mentale et sexuelle des jeunes filles, souvent âgées de moins de 15 ans. Quand le pays a banni les mutilations génitales féminines (MGF) en 2011, peu auraient prédit que cette coutume, habituellement célébrée en public et très ritualisée, se déplacerait vers les cliniques et les domiciles privés, à l’abri des regards. Selon les autorités, dans le comté de Kisii, situé à 300 kilomètres à l’ouest de Nairobi, plus de 80% des mutilations génitales féminines sont effectuées par des professionnels de la santé. Les organisations de défense des droits des femmes dénoncent l’inaction d’une police kényane qui adopte une attitude passive. Les arrestations des praticiens de l’excision sont ainsi peu fréquentes, et les condamnations sont pratiquement inexistantes.



Et demain ?

L’ONU projette que d’ici 2030, environ 574 000 jeunes femmes kényanes pourraient encore être exposées à cette pratique. Plusieurs organisations cherchent à changer les mentalités en faisant la promotion du développement de rites de passage alternatifs (RPA) à l’âge adulte. Les ARP sont souvent organisés par des ONG locales et des agences gouvernementales en collaboration avec les communautés concernées. Ils comprennent généralement des sessions éducatives sur la santé sexuelle et reproductive, les droits des femmes, l’autonomisation économique, ainsi que des discussions sur la culture et la tradition. Une partie essentielle des ARP est la cérémonie de passage, qui symbolise le passage de l’enfance à l’âge adulte pour les participantes. Cette cérémonie vise à mettre en valeur les filles qui ont choisi de rejeter la pratique de la MGF et à les reconnaître en tant que membres adultes et respectés de leur communauté. En offrant une alternative culturellement acceptable et socialement valorisée, ces programmes contribuent à changer les attitudes et les comportements à l’égard de la MGF et à protéger la santé et le bien-être des jeunes filles. Malgré les progrès réalisés, il est important de noter que certaines communautés maintiennent des taux extrêmement élevés de mutilation génitale féminine. Espérons que les choses changent rapidement et permettent de définitivement stopper un jour les mutilations.



« Pendant 4000 ans, des cultures africaines ont permis que les femmes soient mutilées. Cette tradition répandue dans beaucoup de pays musulmans, bien des gens croient que le Coran l’exige. Et pourtant ce n’est pas le cas ; ni le Coran ni la Bible ne mentionnent qu’il faut mutiler les femmes pour plaire à Dieu. Cette coutume n’est encouragée et exigée que par les hommes – des hommes ignorants et égoïstes – qui veulent s’assurer l’exclusivité des faveurs de leurs épouses. Les mères acceptent que leurs filles soient mutilées de crainte qu’elles ne trouvent pas de maris. Une femme non excisée est considérée comme impure, obsédée par le sexe et impossible à marier. […] Il n’y a pas de raison à la mutilation de millions de petites filles chaque année, sinon l’ignorance et la superstition. Par contre, la douleur, la souffrance et la mort qui en résultent sont des raisons plus que suffisantes pour que cette pratique disparaisse », Waris Dirie


Jessica Baucher


* Crédit photo en tête d’article : ©Pixabay


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