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© Musée du quai Branly

Plonger au cœur des visions chamaniques…

Depuis le 14 novembre et grâce à l’artiste et réalisateur de renom Jan Kounen et à David Dupuis, docteur en anthropologie et chargé de recherche à l’INSERM, le musée du Quai Branly – Jacques Chirac nous plonge dans la culture amérindienne en proposant l’exposition Visions chamaniques, consacrée à la plante amazonienne ayahuasca – littéralement « liane des morts ». L’art chamanique des peuples autochtones y est mis en lumière et l’exposition explore également le lien entre les visions psychédéliques provoquées par la plante et les productions qui en découlent depuis le début du XXe siècle.


◆ Aya… quoi ?
Depuis le début des années 2000, la plante ayahuasca a le vent en poupe dans nos sociétés occidentales. Nombre de personnes sont d’ailleurs parties au Pérou afin de goûter ce breuvage sacré, interdit à la consommation en France depuis 2005 et classé au patrimoine culturel du Pérou depuis 2008. Le peuple Shipibo-Conibo, résidents de l’Amazonie péruvienne, explore les profondeurs de sa culture à travers l’utilisation de ce breuvage psychédélique. Ce rituel leur offre des visions uniques, une compréhension de l’être mais aussi une médecine et une inspiration artistique qui façonne leur identité visuelle singulière. Les artistes au sein de la communauté Shipibo-Conibo utilisent cette pratique pour donner vie à des créations colorées et à des motifs géométriques, qui se retrouvent déclinés sur divers supports tels que vêtements, objets, poteries et bijoux. La première section de l’exposition met en lumière ce peuple amazonien, son art exceptionnel et sa riche culture, présentant plusieurs œuvres contemporaines d’artistes Shipibo.





© Musée du quai Branly



Héritage ancestral
Pour les Occidentaux, l’usage de l’ayahuasca relève d’une démarche thérapeutique, pour le peuple Shipibo, les choses sont plus larges : « Il importe de souligner que si de nombreux Occidentaux font usage de l’ayahuasca afin de mieux se connaître, à la manière d’un outil psychothérapeutique, les usages autochtones visent au contraire à aller à la rencontre d’une altérité non-humaine, telle que les esprits des plantes ou des animaux », souligne David Dupuis. Ces rencontres non-humaines se dégagent dans l’ensemble de leurs créations artistiques. L’expansion mondiale de l’utilisation de ce breuvage, autrefois réservée aux peuples autochtones d’Amazonie occidentale, a en fait véritablement pris son essor à partir des années cinquante. Cette évolution est clairement montrée dans l’exposition à travers trois sections distinctes, chacune dépeignant une région culturelle et géographique spécifique : l’expression artistique autochtone des Shipibo-Conibo, l’émergence d’un mouvement de peinture visionnaire au sein des métropoles de d’Amazonie, et les répercussions de la mondialisation de l’ayahuasca sur l’art occidental. L’exploration des échanges interculturels et de la fusion entre ces mondes constitue également un aspect central. Dans la seconde section, nous découvrons que le courant de peinture visionnaire amazonienne prend ses racines dans la collaboration entre le peintre Pablo Amaringo, leader de ce mouvement, et l’anthropologue Luis Eduardo Luna. La dernière section met en lumière le fait que les artistes occidentaux créant des œuvres liées à leur expérience de l’ayahuasca collaborent fréquemment avec les autochtones. C’est le cas du cinéaste Jan Kounen, qui, fort de ses expériences personnelles avec la plante, s’est associé à des guérisseurs Shipibo-Conibo dans le but de recréer en images de synthèse (VR : réalité virtuelle) les visions induites par l’ayahuasca.


© Jan Kounen – dessin original



Jan pas si solo
Jan Kounen commence par faire des études artistiques dans la première partie de sa vie. Puis assez vite, il entre dans le monde de la production vidéo et, en 1997, il devient cinéaste et réalise son premier long-métrage pour le cinéma. Très peu de temps après, pour les besoins d’un futur long-métrage Blueberry, l’expérience secrète, il découvre la culture amazonienne, d’abord Huichol puis Shipibo-Conibo et fait ses premières expériences avec la plante ayahuasca. Il suit ensuite, en parallèle de sa carrière cinématographique, sa propre initiation chamanique et vit de très nombreuses cérémonies. De ses expériences naîtront le court-métrage : D’autres mondes et des livres personnels : Visions : Regards sur le chamanisme, Plantes et chamanisme : Conversations autour de l’ayahuasca et de l’iboga et Carnets de voyages intérieurs. Ayahuasca médicina, un manuel. Aujourd’hui, il publie trois nouveaux livres chez Guy Trédaniel éditeur (voir liens ci-dessous) et a participé à la conception et à la réalisation de cette fabuleuse exposition qui se tient au musée du Quai Branly, notamment en imaginant une expérience inédite en images de réalité virtuelle qui nous permet d’approcher les sensations découlant des effets du beuvage ayahuasca…!



Jessica Baucher



« Cela m’a énormément réconforté de savoir que des hommes et des femmes utilisent des plantes psychotropes avec révérence et respect depuis des générations et en tirent une grande sagesse, un grand savoir et une grande humilité », François Demange



VISIONS CHAMANIQUES – Arts de l’Ayahuasca en Amazonie péruvienne

Du 14 novembre 2023 au 26 mai 2024, Musée du quai Branly, 37, quai Jacques-Chirac, 75007 Paris

37 quai Jacques Chirac, 75007 Paris (Musée du quai Branly – Jacques Chirac, boite arts graphiques)

Ouvert les mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche 10h à 18h00
Seule la réservation d’un créneau horaire dédié garantit l’accès.




* Crédit photo en tête d’article : @Musée du quai Branly
* Pour aller plus loin :
Doctor Ayahuasca de Jan Kounen – Guy Trédaniel éditeur
Metavers – Jan Kounen/Romuald Leterrier – Guy Trédaniel éditeur
Ayahuasca, cérémonies, visions, soins – Jan Kounen / François Demange – Guy Trédaniel éditeur
Exposition des dessins de Doctor Ayahuasca de Jan kounen
– Retrouvez notre interview de Jan Kounen dans le prochain numéro (14) de notre revue Natives….

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