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©Nicole Janis Qavavauq-Bibeau sur son compte TikTok. (captures d'écran TikTok)

Remettre les pendules à l’heure autochtone… sur TikTok


Très tôt marquée par le décès de sa mère et de sa grand-mère, Nicole Janis Qavavauq-Bibeau milite activement sur la plateforme TikTok pour que les violences faites aux femmes autochtones cessent. Depuis bientôt trois ans, elle mène l’enquête pour le projet Iskweu (femmes, en langue crie) afin de recenser les assassinats de femmes issues des différentes communautés et non comptabilisés par les autorités du Québec. Les réseaux sociaux lui permettent également de sensibiliser les plus jeunes sur les nombreux problèmes auxquels sont confrontés les communautés locales.


Héritière d’un combat
Janis (en mémoire de son père, elle préfère qu’on l’appelle Janis plutôt que Nicole) était âgée de seulement neuf ans lorsque sa mère est décédée en 2006. À cette époque, elle vivait encore avec son père, criminel récidiviste qui faisait régulièrement des allers-retours en prison. Après la disparition de celle-ci, elle a été placée dans une famille d’accueil et a perdu tout lien avec sa petite sœur qu’elle vient de retrouver récemment grâce à ses vidéos. Janis est aujourd’hui activiste, inuit activiste ! Étudiante en journalisme et communication, elle travaille maintenant comme intervenante au Foyer pour femmes autochtones de Montréal et coordinatrice du projet Iskweu. Elle trouve des services d’hébergement pour femmes autochtones afin de les aider à se reconstruire : « En voyant les clientes qui arrivaient au Shelter après s’être fait battre par leur conjoint, j’ai réalisé que ma mère n’était pas la seule. Ma mère était diabétique, mais je sais que c’est l’alcoolisme et les blessures subies par ses conjoints violents qui l’ont tuée un an après que ma grand-mère fut assassinée par un membre de la famille. Voir les mêmes schémas se répéter systématiquement quinze ans plus tard, ça m’a ouvert les yeux », a-t-elle confié lors d’une interview dans un média canadien.




©Nicole Janis Qavavauq-Bibeau sur son compte TikTok. (captures d’écran TikTok)


En finir avec le silence
Janis, comme la jeune Shina Novalinga dont nous avions parlé dans l‘un de nos articles, est très active dans les recherches concernant l’histoire des peuples autochtones. Depuis 2020, elle enquête dans le cadre du Projet Iskweu et recense, pour la première fois au Québec, des données sur les femmes autochtones disparues. L’organisme a réussi à retrouver, dans des archives, la trace de près d’une centaine de femmes autochtones assassinées au Québec entre 1980 et 2012, soit plus du double du bilan de la Gendarmerie royale du Canada au Québec : « Les policiers s’en foutent ! C’est comme s’il n’y avait pas d’urgence. Ce sont les organismes autochtones qui doivent engager quelqu’un pour connaître les chiffres ! », a-t-elle déclaré lors d’une interview pour le Journal de Montréal. Sur son compte TikTok, elle publie régulièrement des avis de recherche et demande parfois l’aide de personnes susceptibles d’avoir plus d’informations. Son intérêt à comprendre et à expliquer les enjeux socio-historiques qui perdurent aujourd’hui apporte un regard pertinent sur la question des meurtres et des disparitions : « Avant, dans les années 2000, quand on parlait des femmes autochtones disparues ou assassinées, on mettait l’accent sur le fait qu’elles étaient par exemple des travailleuses du sexe, qu’elles vivaient dans la rue. Tout était négatifOn ne se posait jamais la question de savoir pourquoi elles étaient dans cette situation », a-t-elle souligné lors d’une interview dans un média local. Sa présence sur les réseaux sociaux est aussi une manière de renouer avec les siens… proches ou moins proches. De plus, c’est une belle voie pour reprendre le contrôle sur sa propre histoire.




« Nos traumatismes ont longtemps été gardés secrets. Moi, au contraire, je trouve ça important d’en parler. (…) Je pense que nous reprenons doucement le récit qui nous a été enlevé pendant trop longtemps. Il y a quelque chose de puissant là-dedans. » Janis Qavavauq-Bibeau



©Nicole Janis Qavavauq-Bibeau sur son compte TikTok. (captures d’écran TikTok)



Jessica Baucher

+ Crédit photo en tête d’article : ©Nicole Janis Qavavauq-Bibeau sur son compte TikTok


Pour aller plus loin :
Son compte TikTok

Projet Iskweu (en anglais)

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