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© Rogério Assis/ISA

Piripkura, la tragédie du « peuple papillon »

D’une superficie de 230 000 hectares, le territoire des Piripkura1 – situé entre les municipalités de Colniza et Rondolândia dans l’État du Mato Grosso, au Brésil – fait l’objet de destructions multiples et d’invasions par les fazendeiros (grands propriétaires terriens), producteurs de viande bovine. Survival, mouvement mondial pour les droits des peuples autochtones, nous alerte !

◆ Des exploitants sans foi ni loi
Malgré une décision de la Cour suprême fédérale du Brésil et un renouvellement récent de l’ordonnance de protection des terres : Portaria de Restrição de Uso, interdisant, pour 6 mois, l’accès au territoire des Piripkura, de nombreuses attaques et occupations se multiplient. Des images satellites et un récent survol, le 25 octobre dernier, organisé dans le cadre de la campagne et de la pétition : Uncontacted or Destroyed 2 (« Non contactés ou décimés » en français) montrent notamment l’implantation de ranchs de bétail3, de zones déboisées et une exploitation commerciale illégale des terres ancestrales et de leurs ressources naturelles.

© Rogério Assis/ISA


◆ Un taux record de déforestation
Depuis presque deux mois, 12 426 hectares ont été détruits soit 7 millions d’arbres abattus comme le mentionne le dossier Piripkura : un territoire autochtone détruit pour la production de viande bovine. Durant l’année 2020, 2 361 50 hectares ont été déboisés au mépris des lois. « Le territoire de Piripkura est désormais le territoire de peuples non contactés le plus déboisé du Brésil » indique un rapport de l’OPI (Observatoire des droits humains des « peuples autochtones non contactés » et récemment « contactés »).
De plus, entre juillet et septembre, 4 153,2 hectares ont été dévastés par des incendies durant la saison sèche.

© Bruno Jorge

◆ Quel avenir pour ce peuple ?
Dans les années 80, les Piripkura ont déjà difficilement survécu au massacre des bûcherons, Ils font aujourd’hui face à une nouvelle attaque sans précédent. Seuls deux d’entre eux sont « identifiés » sur le territoire. Cependant, Survival pense que d’autres vivent retirés dans les profondeurs de la forêt amazonienne. « La seule Piripkura « contactée », une femme connue sous le nom de Rita, a récemment déclaré à Survival dans un appel vidéo inédit que des intrus opérant illégalement sur le territoire de son peuple pourraient bientôt tuer ses proches ; elle a également décrit comment neuf de ses proches avaient été massacrés au cours d’une seule attaque ».
À ce jour, le gouvernement brésilien via le FUNAI (Fondation Nationale de l’Indien, en français) ne leur a pas apporté la protection et, de ce fait, semble avoir favorisé l’invasion et les crimes sociaux-environnementaux. Les mesures prises ne sont pas respectées, inefficaces et insuffisantes.
Malgré le soutien et le travail mené tout au long de l’année par les organisations autochtones, que deviendront les Piripkura ?

« Dans les temps anciens, la Terre, couverte de forêts, était peuplée d’animaux et d’êtres humains… de beaucoup d’êtres humains. », écrit Serge Guiraud4.
Nous espérons ardemment que ce peuple survive grâce aux actions entreprises par Survival International


Jessica Baucher



  1. Les Piripkura : peuple isolé et contacté pour la première fois dans les années quatre-vingt. Il s’agit d’un groupe d’environ 20 personnes situé dans la région du Mato Grosso. Ils sont voisins avec les Indiens Gaviaos. Ils parlent le tupi-kawahib, une famille de langues que partagent plusieurs peuples autochtones du Brésil.
  2. La COIAB (Organe de coordination des organisations autochtones de l’Amazonie Brésilienne) et l’OPI (Observatoire des droits humains des « peuples autochtones non contactés » et récemment « contactés ») avec le soutien de l’APIB (Articulation des peuples autochtones du Brésil), de l’ISA (Instituto Socioambiental) et de Survival sont à l’origine de cette campagne, de cette pétition et du survol en octobre.
  3. Selon une enquête de l’Operação Amazônia Nativa (OPAN) il y a actuellement 15 ranchs installés sur les terres des Piripkura soit 131 870 hectares en propriétés.
  4. Extrait de son livre « Amazonie, l’ordre du monde » (éditions Omniscience, 2021).
    Serge Guiraud parcourt le bassin amazonien Brésilien depuis les années 80. Il est le fondateur de l’association Jabiru Prod qui est en charge de la diffusion de ses documentaires. Il est également membre du comité de lecture de notre revue Natives. Son site : www.amazonie-indienne.com.

+ Pour découvrir l’histoire du peuple Piripkura : le documentaire de Renata Terra, Mariana Oliva et Bruno Jorge (2017).

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