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Madagascar : les forêts sèches de l’Andrefana sont classées au patrimoine mondial de l’Unesco mais la faim demeure





Les forêts sèches de la côte ouest-sud-ouest de Madagascar viennent d’intégrer la liste des sites naturels inscrits au patrimoine mondial. Après la colline royale d’Ambohimanga et les forêts humides de l’Atsinanana, les forêts sèches d’Andrefana sont le troisième site à intégrer la prestigieuse liste des sites classés.
Elles comprennent une extension du Parc national des Tsingy de Bemaraha qui inclut trois parcs nationaux dont Ankarafantsika, Mikea et Tsimanampesotse ainsi que les deux réserves spéciales Analamerana et Ankarana. L’ensemble couvre une superficie totale de 734 298 hectares. « Ces sites bénéficient ainsi du plus haut niveau de protection patrimonial au monde et pourront avoir accès à de nouvelles opportunités d’assistance technique et financière de l’Unesco », précise l’organisation onusienne dans un communiqué de presse. Cette reconnaissance oblige les dirigeants de la Grande île à mettre tout en œuvre pour parvenir à respecter cet objectif. Elle leur permet également d’obtenir une aide internationale précieuse compte tenu des moyens nécessaires à la protection et à l’entretien de ces sites.


Pour Dr Baomiavotse Vahinala Raharinirina, ministre de l’Environnement et du Développement durable lors de la soumission du dossier en 2020 auprès de l’Unesco : « c’était une bataille presque inespérée, un travail acharné, un lobbying de haut niveau où il fallait démontrer à la fois notre capacité à maintenir ce patrimoine et l’intérêt écologique et scientifique de ces forêts sèches quasi uniques au monde. »



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 Crise alimentaire liée au réchauffement climatique
L’Atsimo-Andrefana a une population d’environ 1 200 000 habitants. Ce qui en fait la cinquième région la plus peuplée de l’île. C’est aussi la plus pauvre. Le sud est habité en partie par l’ethnie des Antandroy (littéralement « Ceux des épines »), des pasteurs itinérants descendants de valeureux guerriers. Le sud-ouest par l’ethnie Mahafaly, un peuple de pasteurs vivant en petits groupes clairsemés, dans des conditions extrêmes, et l’ouest par les Vezo, des pêcheurs qui utilisent une pirogue à balancier pour atteindre le récif de corail. L’Andrefana est réputée par la grande richesse de sa biodiversité, notamment des plantes épineuses (didieraceae et euphorbiacée) qui supportent de grande variation de température, en moyenne 25°C, et une sécheresse liée au climat subaride. Elle a un taux d’endémisme élevé d’espèces végétales et animales. C’est l’habitat de certaines espèces en danger, dont l’un des reptiles le plus menacé au monde, la tortue à soc. Depuis les années 1970, les pressions anthropiques sur les forêts sèches épineuses du sud et du sud-ouest ont conduit à des pertes de couvertures végétales importantes. De plus, la déforestation et la fréquence élevée d’incendies limitent la régénération des arbres et transforme ces forêts en bush.
C’est une région essentiellement agricole, où la sécheresse va s’accentuant ces dernières années. Le sud du pays connaît depuis toujours des périodes sèches du mois d’octobre à celui d’avril, durant laquelle la production agricole chute (quand elle n’est pas dévorée par les invasions acridiennes). Mais depuis quelques décennies, cette sécheresse devient encore plus sévère. Témoin de ce phénomène, le fleuve Menarandra, qui parcourt les trois régions du Sud (Atsimo Andrefana, Androy et Anosy) est tari depuis des mois. Le bétail et les cultures des villages sont menacés et la population se trouve « en insécurité alimentaire élevée », selon les Nations unies. Les trois-quarts des familles ne font qu’un repas quotidien, de mauvaise qualité nutritionnelle. « La sécheresse a entraîné l’augmentation de la « violence à l’égard des femmes » et « les vols de bétail », accroissant encore ainsi l’insécurité alimentaire », révèle Joanna de Berry, chargée du suivi de la situation à Madagascar au sein de la Banque mondiale. De plus, selon elle, « les migrations s’intensifient ». Les hommes vont travailler dans les villes du nord, tandis que les femmes, les enfants et les personnes âgées restent dans la partie méridionale de l’île, là où le manque d’eau potable et de nourriture met principalement en danger les enfants : 27 % d’entre eux sont en état de malnutrition aiguë.
Sur la commune rurale de Behara, le Secours populaire a déjà financé une étude pour réaliser deux forages et va entamer des travaux de captage. Le but : permettre deux champs de cultures vivrières adaptées à la sécheresse. Ce qui pourrait permettre de nourrir quelque 10 000 personnes. Une goutte d’eau quand on sait que « plus d’un million de personnes souffrent de faim aiguë à Madagascar », selon le directeur délégué du Programme Alimentaire Mondial, Arduino Mangoni qui a déclaré que « cette situation est sans doute la première famine sur terre due au changement climatique. »



Brigitte Postel


+ Crédit photo en-tête d’article : ©Pixabay


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