D’origine polonaise, Brigitte Pietrzak est née en 1963 dans la région parisienne. D’abord artiste et musicienne, elle a été initiée à 49 ans au chamanisme sibérien, en Mongolie. Elle nous a quittés brutalement en septembre 2022. Auteur de plusieurs livres, elle a écrit Au-delà du tambour – Lettres à mes esprits alliés, son septième ouvrage, quelques mois avant son grand départ. Une nouvelle fois, comme dans Voyages chamaniques & Rencontres remarquables, c’est au cœur même de l’essence de ses esprits-alliés qu’elle nous entraîne dans un échange spirituel et poétique nous permettant d’explorer la fonction et la mission du chamane. Ce livre s’inscrit dans la tradition des pratiques chamaniques mongoles, imprégnées de croyances traditionnelles et de rituels qui utilisent le tambour comme un moyen essentiel pour maintenir l’harmonie entre les humains, la nature et le monde spirituel.

◆ Tambour et esprits
Pour devenir un chamane mongol, il est nécessaire de suivre une formation intensive et d’être initié par un chamane expérimenté. La maîtrise du tambour est une compétence cruciale dans ce processus de formation. Les futurs chamanes apprennent donc à en jouer, à interpréter les signes et les symboles que les esprits transmettent à travers le rythme. Ils sont des intermédiaires entre les esprits, les divinités, les ancêtres et la communauté. Le rythme permet d’attirer leur attention et d’établir une connexion spirituelle avec ces derniers. Dans ce livre, c’est justement avec ses esprits alliés que Brigitte converse, tantôt avec le bouriate, qui lui répond : « Ce que tu es, je le suis. Je suis venue vers toi avec cette reconnaissance de valeurs communes » ; tantôt avec le cobra blanc : « Je sais désormais qu’il n’y a pas de séparation entre les mondes et que tout esprit a la possibilité de se convertir. Je connais ton langage et mon cœur s’ouvre entièrement à ta vibration ». Le chamanisme mongol reconnaît une variété d’esprits et d’entités spirituelles qui occupent un rôle central dans leur cosmologie. Ces esprits portent des noms différents en fonction de leurs attributs, de leur rôle et de leur nature. Tengeri, ongods, esprits de la nature et esprits ancestraux sont autant d’alliés pour le chamane mongol et pour Brigitte : « Le désir de mes esprits alliés me porte, soucieux que je transmette sans les déformer leurs messages et leurs intentions. Je deviens leur intermédiaire. Il y a la joie de la transmission quand les ongods puisent à la Source, donnant le sentiment de retrouver le paradis perdu ». En nous partageant le message du cobra blanc, elle en profite d’ailleurs pour nous rappeler que les esprits vivant dans l’ombre du ciel noir ne sont jamais qu’en attente de lumière : « Toi, chamane, tu es ma partenaire dans l’engendrement de toutes les métamorphoses, dans la transmutation du noir au blanc. Je suis comme toi, à la fois ombre et lumière. (…) Le monde obscur a sa raison d’être dans la dynamique de la création. Il oblige la lumière à être plus vive encore. Il teste la sincérité et l’intention profonde de chacun ».

◆ Guérison et messages
Être chamane implique de s’ouvrir à l’invisible et de percevoir ce qui est au-delà de la réalité ordinaire. Cela signifie transmettre des messages sans interférer personnellement. Cependant, le livre de Brigitte nous rappelle que cela nécessite également la capacité de se remettre en question, et la nécessité de travailler sur soi afin de transcender son ego, de se libérer des pensées envahissantes, de s’ouvrir à l’amour pour enfin guérir. Le chamane mongol est souvent consulté pour des questions de santé, physiques et spirituelles. En utilisant le tambour, il peut diagnostiquer les maladies, identifier leurs causes (telles que des influences négatives d’esprits malveillants) et effectuer des rituels de guérison : « Le rôle du chamane est de réunifier les morceaux des âmes qui se sont égarées, aussi loin soient-elles », souligne Brigitte en évoquant le recouvrement d’âme : « J’ai vu des âmes se dissocier, se séparer d’elles-mêmes, comme raptées en plein vol. (…) Elles n’avaient pas eu d’autres solutions que de fuir et de se perdre, pulvérisées, comme expulsées vers une réalité parallèle ». Dans son livre, elle nous ouvre également à une vision « quantique » des problématiques humaines, à l’idée que nous disposons constamment de plusieurs possibilités et qu’aucune d’entre elles n’est mauvaise puisqu’elles sont toutes riches d’enseignements : « Devant mes yeux se déroulent une multitude de chemins de vie. Ils convergent tous vers le même point d’arrivée. (…) Une voix me dit qu’il en va de la responsabilité de chacun d’assumer le type d’expériences qu’il choisit pour rejoindre le lieu de son origine ». Ainsi le chamane ne peut pas tout et parfois même il n’est même pas habilité à intervenir, nous rappelle-t-elle.

Alors que nous sommes sans cesse bombardés d’images, de sons, d’informations et que tout ceci rend très complexe la capacité de distinguer la réalité de l’imagination ou de des désirs mentaux, Les Lettres aux esprits alliés de Brigitte Pietrzak nous apprennent à écouter dans notre zone de silence, la pureté des messages de notre cœur.

« Montagne Bayan Khangaï,
entourée d’eau, aide-nous à rester en paix.
Aide chacun à demeurer sans souffrance,
sans maladie. Protège-nous.
Apporte-nous toujours l’abondance.
Si la porte de la perte est ouverte, referme-la.
Laisse ouverte pour nous la porte des
richesses et fais-en sorte qu’elle ne se
referme jamais. Aide-nous, montagne Bayan Khangaï,
entourée d’eau, à rester en paix. », Brigitte Pietrzak, ext. Au-delà du tambour

Jessica Baucher

+ Crédit photo en tête d’article : @Pixabay

Pour aller plus loin…
– Retrouvez l’entretien de Brigitte Pietrzak dans le n°5 de notre revue
– Retrouvez notre interview de Brigitte, à l’occasion de la sortie de Voyages chamaniques & rencontres remarquables, en mai dernier
– Découvrez Au-delà du tambour- Lettres à mes esprits alliés
– Les autres livres de Brigitte Pietrzak, déjà parus
– Les livres autour du chamanisme publiés par Mama Editions

Brigitte Pietrzak a créé en 2019 le groupe Facebook « Qu’est-ce que le chamanisme ? », dans lequel elle partageait sa vision du chamanisme et son expérience.