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Dans un linceul de plumes d’oiseaux, le dernier membre d’une communauté autochtone du Brésil s’est envolé…

Le dernier Indien Tanaru, surnommé « l’homme du trou« , qui vivait sans aucun contact avec le reste du monde depuis près de trois décennies dans l’État de Rondonia, à l’ouest de l’Amazonie brésilienne, a été trouvé sans vie, le 23 août dernier. L’origine de son décès est naturelle mais en raison des nombreuses attaques contre son peuple, il devient aujourd’hui le symbole de l’extrême violence et de la cruauté subies par les peuples autochtones du monde entier au nom du profit et de la colonisation.


◆ La fin d’un génocide

Dès les années soixante-dix, le peuple Tanaru a fait l’objet d’attaques multiples et la quasi totalité de ses membres ont été massacrés. Survival international rapporte que l’ancien territoire des Tanaru est l’une des régions les plus dangereuses du Brésil principalement en raison de la déforestation et de l’exploitation minière. Dans un article récent consacré à la disparition de cet homme, l’ONG nous indique qu’ils ne disposent que de peu d’informations sur ce peuple qui résistait aux tentatives de contact afin de se préserver : « connu sous le nom de “L’homme du trou” pour son habitude de construire des trous profonds, dont certains contiennent des pieux aiguisés, il a été filmé par le FUNAI, agence gouvernementale brésilienne pour la protection des peuples autochtones, en 2018 lors d’une rencontre fortuite ». Plusieurs organisations à l’intérieur du Brésil, dont Survival ont fait campagne pendant de nombreuses années pour que ces terres soient préservées. « C’était un véritable génocide, l’élimination délibérée d’un peuple entier par des éleveurs de bétail avides de terres et de richesses« , a indiqué Fiona Watson, directrice de recherche de l’organisation, lors d’une visite du territoire Tanaru en 2004.


©Pixabay

 Un symbole d’espoir

Nous ne connaîtrons jamais ni son âge ni son prénom mais les autorités brésiliennes ont cependant indiqué n’avoir décelé aucun signe de violence ou de lutte ayant provoqué son décès : « Tout indique que le décès est dû à des causes naturelles », a déclaré la Funai dans un communiqué. Il a certainement passé plus de vingt-cinq ans seul, à errer dans la jungle après la disparition progressive de chacun des membres de sa communauté. « Nous ne pouvons qu’imaginer les horreurs dont il a été témoin au cours de sa vie, et la solitude de son existence après que le reste de son peuple a été tué, mais il a résisté avec détermination à toutes les tentatives de contact, et a clairement indiqué qu’il voulait simplement qu’on le laisse tranquille », a souligné Fiona WatsonSurvival international soutient la demande de l’OPI, Observatoire des droits de l’homme des peuples non contactés et récemment contactés, et réclame que la terre des Tanaru soit désormais protégée de manière durable et devienne le mémorial du génocide autochtone. L’ONG souligne que cet îlot de jungle encerclé par de vastes ranchs de bétails, d’une superficie de huit mille hectares, est cependant l’un des sept territoires du Brésil encore officiellement préservés par des ordonnances de protection des terres. Le gouvernement actuel et ses alliés font campagne depuis un certain temps pour supprimer ces dispositions : «Si le président Bolsonaro et ses alliés de l’agro-industrie parviennent à leurs fins, cette histoire se répétera encore et encore jusqu’à ce que tous les peuples autochtones du pays soient anéantis. Le mouvement autochtone au Brésil, et Survival, feront tout leur possible pour que cela n’arrive pas ».




« Que peut un homme, ici, dans les villes d’Europe ou d’ailleurs, pour tenter de sauver les matins du monde ? Peut-être qu’il peut, comme les Waunanas de la forêt, simplement danser et… faire sa musique, c’est à dire parler, écrire, agir, pour tenter d’unir sa prière à ces hommes et ces femmes autour de la pirogue. Il peut le faire, et d’autres viendront à lui. Ecrivons, dansons contre le déluge ». J-M. Le Clézio


Jessica Baucher


+ Crédit photo en tête d’article : @Pixabay


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