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©Yo Az

Derrière le miroir d’Alice… Imaginal et Ayahuesca


Dans son dernier livre Visions chamaniques – L’Ayahuesca & l’imaginal, Sébastien Cazaudehore, anthropobiologue, thérapeute et chamane ayahuasquero, nous plonge dans l’univers intérieur et visuel des voyages chamaniques. À travers une étude minutieuse et fort de son expérience personnelle, il nous offre une vaste réflexion sur les visions de l’imaginal, concept cher au philosophe Henry Corbin.

◆ Une succession d’aventures
Sébastien a une formation d’anthropobiologue mais en parallèle de sa carrière, il s’est formé à différentes techniques telles que la PNL, l’hypnose, la thérapie transgénérationnelle, le décodage biologique et la médecine énergétique. Il est également devenu chamane ayahuasquero et a travaillé durant douze ans dans le centre DEVAS à Tena en Amazonie équatorienne, créé avec son épouse Ambre Cazaudehore. Pendant ses études, il a vécu en Papouasie-Nouvelle Guinée dans la région de Tari en plein territoire huli. Toutes ces connaissances sont venues agrémenter sa pratique de thérapeute et lui ont donné l’envie d’écrire afin de partager… Visions chamaniques – L’Ayahuesca & l’imaginal, son septième livre, apporte des réponses précises à la question des visions, propres à la prise de la plante chamanique Ayahuesca.

Stéphane Cazaudehore


◆ Le continent de l’imaginal

Sebastien Cazaudehore nous entraine dans une passionnante étude des territoires traversés lors des visions perçues durant les épisodes d’états modifiés de conscience. L’imaginal, mundus imaginalis, dont il nous parle est une notion définie par le philosophe Henry Corbin, spécialiste de l’islam perse et spécifiquement dans l’étude des textes du théologien Ibn ‘Arabi. Selon lui, l’imaginal est « le terme qui désigne un intermonde ou monde intermédiaire entre le sensible et l’intelligible » et qui serait le monde de l’âme. « C’est le lien que Flaubert voyait entre l’esprit et la matière, mais il ne s’agit pas exactement d’archétypes comme l’entendait Jung, par exemple (qui appartiendraient aux formes intelligibles). Dans le cas de la notion d’imaginal, il s’agit d’une imagination créatrice et agissante, se distinguant de l’imaginaire en cela que les termes d’imaginaire ou d’imagination tels qu’on les comprend dans nos langues occidentales peuvent impliquer une non-réalité ou une non-existence, ce qui ne serait pas en accord avec le concept d’imaginal tel qu’il a été présenté par Corbin en 1964 », précise Sébastien. Il est donc question d’une rupture avec le monde imaginaire simple et les archétypes au profit « d’entités imaginales agissantes douées d’une existence dans un corps imaginal, indépendante de l’organisme physique de l’individu ». L’auteur ajoute que dans les visions de l’Ayahuesca, les personnes ont généralement la sensation d’une décorporation, alors qu’elles semblent évoluer dans d’autres plans depuis lesquels elles découvrent les visions. Il n’y a donc plus de lien établi entre l’observation et l’organe de perception : « l’imagination agente ne passe donc plus par les organes de perceptions physiques, mais par un organe de connaissance pouvant recevoir et créer des symboles pour l’interaction avec l’imaginal, et ainsi mener à une connaissance intérieure ».


©Yo Az


Un monde d’images où réside le moi
Bien que l’accès à l’imaginal existe en chacun de nous, à travers les expériences oniriques ou durant des méditations profondes, Sébastien Cazaudehore explique que la dualité « corps-esprit » du monde matérialiste a coupé une grande partie des êtres de leur lien à l’imaginal. Aussi, l’expérience de la plante enthéogène permet cette reconnexion et le rétablissement d’une « trinité intérieure« . Il propose à travers ce livre de s’interroger en profondeur sur les possibilités créatives des techniques thérapeutiques basées sur un dialogue imagé avec l’inconscient, tel que le proposent notamment les chamanes : « Cela s’apparente finalement au travail de tous les chamanes qui vont identifier et matérialiser les problématiques (ou ce qui cause les problématiques) de leurs patients dans un élément naturel, avant de mettre un rituel de soin en place, celui-ci mêlant une partie sensible subjective (frotter le corps avec des feuilles et souffler de la fumée de tabac dessus) et une partie imaginale objective (énergiser le tabac et moduler les énergies à l’aide des ikaros) ». Sébastien nous rappelle également que dans certaines cultures, la réalité imaginale est la seule réalité objective. « C’est ce décalage entre réalité consciente et réalité inconsciente et imaginale qui a tendance à poser problème aux Occidentaux qui pénètrent dans l’univers du chamanisme. En effet, l’introjection de grilles de lecture chamaniques chez un Occidental qui n’a pas de réelle notion des réalités culturelles amazoniennes constitue un risque pouvant générer des confusions psychologiques. Le fait de confondre le monde sensible et le monde imaginal peut relever rapidement de la psychopathologie dans nos contrées » souligne-t-il.



© Éditions VÉGA (groupe Trédaniel)

Une grande palette de visions

À travers une étude très fine des différents types de visions et des différentes molécules chimiques qui entrent dans l’expérience des visions d’Ayahuesca, l’auteur permet d’entrevoir le processus distinctif qui s’opère entre les visions appartenant à la plante elle-même et celles qui viennent de l’imaginal ou encore du patrimoine personnel de l’individu. « Les visions sont l’expression de la source de toute chose, de tous les maux et problématiques que l’on peut rencontrer et qui nécessitent une intervention. Cette intervention pourra se faire simplement en constatant l’existence de la problématique, encore une fois de manière consciente ou pas, pour qu’elle disparaisse naturellement. Mais parfois, cela demandera plus de travail, il faudra compiler de nombreuses informations et comprendre comment ces informations sont liées les unes aux autres, comme des pièces d’un grand puzzle qu’il faudra correctement imbriquer les unes avec les autres pour réussir à enfin avoir une image complète et cohérente de la réalité que l’on cherchait à appréhender », souligne-t-il.

Ce livre s’adresse donc à toutes les personnes fascinées par les différents univers visuels dans lesquels ils cherchent des réponses… De plus, il constitue une approche intéressante et vaste pour qui souhaiterait s’aventurer dans une expérience chamanique.

« Les formes imaginales se définissent entre l’apparence des formes sensibles et le transparaître des formes intelligibles. C’est un monde médian et médiateur, là où le contact entre Dieu et l’homme se fait, un monde entre ciel et terre, où s’immatérialisent les formes sensibles, et où s’imaginalisent les formes intelligibles », Sébastien Cazaudehore


Jessica Baucher


Illustration en tête d’article : YoAZ



Pour aller plus loin...
– Le site de Sébastien Cazaudehore
Rituels chamaniques – Le néochamanisme au quotidien, le prochain livre de Sébastien Cazaudehore (25.08.2022, Ed. Véga)
– Les oeuvres de YoAZ


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