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Briser les chaînes… Attention « grand film » !

« Ni chaînes ni maîtres » est un drame historique réalisé par Simon Moutaïrou, sorti en 2024. L’action se déroule en 1759 sur l’Île de France (actuelle île Maurice) et suit l’évasion de deux esclaves, Massamba et sa fille Mati, qui fuient les brutalités d’une plantation de cannes à sucre. Traqués par la redoutable chasseuse d’esclaves Madame La Victoire (interprétée par Camille Cottin), ils incarnent la quête de liberté et de dignité face à l’oppression coloniale. Le film explore le thème du marronnage et s’inscrit dans une démarche de devoir de mémoire, redonnant une voix aux oubliés de l’Histoire​

 Réalisateur engagé
Simon Moutaïrou, réalisateur et scénariste franco-béninois, s’est d’abord distingué dans le monde du cinéma par son travail en tant que scénariste. Né en Seine-et-Marne, il a initialement étudié la littérature avant de se tourner vers le cinéma en 2006. Sa carrière a pris un tournant important avec la co-écriture du film Boîte Noire (2021), un thriller psychologique acclamé qui lui a valu une nomination pour le César du meilleur scénario original. En 2022, il a également contribué au scénario de Goliath, un thriller politique traitant des enjeux liés à l’agrochimie et à l’activisme, confirmant son talent pour aborder des sujets à la fois sociaux et contemporains. Il est reconnu pour son habileté à construire des récits intenses et captivants, tout en ancrant ses histoires dans des réalités sociales complexes.

Avec « Ni chaînes ni maîtres », il réalise son premier long-métrage, un drame historique se déroulant en 1759 sur l’île Maurice. Le film traite du marronnage, la fuite des esclaves pour retrouver leur liberté, et explore la résistance face à l’oppression coloniale. Inspiré par ses racines béninoises et une démarche de mémoire historique, Simon utilise cette œuvre pour faire écho aux luttes contemporaines tout en se concentrant sur des figures historiques. Son ambition est de créer des ponts entre la France métropolitaine, les territoires ultramarins et l’Afrique, en abordant des thèmes universels comme la quête de liberté et la dignité humaine. Avec cette première réalisation, il fait preuve d’une sensibilité profonde pour les questions historiques et sociales, tout en confirmant son engagement en tant que créateur de récits puissants et significatifs.




Affiche du film « Ni chaîne ni maître » de Simon Moutaïrou Copyright France 2 Cinéma/StudioCanal/Chi-Fou-Mi Productions/Les autres Films


 Marronnage
Le marronnage désigne la fuite et la résistance des esclaves dans les sociétés coloniales, particulièrement dans les Amériques et les Caraïbes, pendant la période de l’esclavage. Le terme vient de « marron », utilisé pour qualifier les esclaves fugitifs. Ces esclaves cherchaient à échapper à l’oppression des plantations et à retrouver une forme de liberté, souvent en rejoignant des communautés isolées ou en se réfugiant dans des régions reculées comme les montagnes, les forêts, ou les marais. Ce phénomène a pris des formes diverses selon les contextes géographiques et historiques : Le petit marronnage consistait en des fuites temporaires où les esclaves quittaient les plantations pour quelques jours ou semaines avant de revenir ou d’être capturés. Le grand marronnage, lui, en revanche, impliquait des fuites définitives et l’installation dans des communautés autonomes appelées républiques marronnes. Ces communautés, souvent établies dans des zones difficilement accessibles, comme les montagnes en Haïti ou les forêts en Guyane, ont pu parfois résister pendant des décennies à la répression coloniale. Certaines de ces communautés ont réussi à négocier leur indépendance, comme les Maroons en Jamaïque, qui ont signé des traités avec les autorités coloniales au XVIIIe siècle. En Haïti, les marrons ont joué un rôle important dans les prémices de la révolte qui mènera à la Révolution haïtienne et à l’indépendance en 1804. Le marronnage représente une forme de résistance active contre l’esclavage et incarne la quête de liberté et de dignité dans un contexte de répression extrême. Ces résistants sont souvent perçus comme des symboles de révolte et de lutte contre l’oppression coloniale, et leur héritage est encore célébré dans de nombreuses cultures des Caraïbes et d’Amérique du Sud.


 

◆ Une histoire collective

« Ni chaînes ni maîtres » est un film dramatique dont l’action se déroule en 1759 et suit les destins de Massamba et de sa fille Mati, tous deux esclaves sur une plantation de cannes à sucre. Massamba aspire à libérer sa fille, tandis que Mati rêve de s’échapper de la vie infernale des plantations. Ils décident donc de tenter une évasion ! Leur parcours est semé d’embûches, avec de nombreux obstacles, tant physiques que psychologiques. Ils doivent naviguer dans un environnement hostile, tout en étant traqués par Madame La Victoire, interprétée par Camille Cottin, une chasseuse d’esclaves impitoyable, qui représente la menace constante de l’autorité coloniale. Ce film explore des questions de dignité, de lutte contre l’oppression coloniale et des répercussions de l’histoire de l’esclavage. Le réalisateur Simon Moutaïrou, d’origine béninoise, s’est inspiré de la Porte du Non-Retour à Ouidah, symbole puissant de la traite des esclaves, pour enrichir l’aspect mémoriel de son œuvre. Le film se distingue par sa tension dramatique, son esthétique visuelle soignée, ainsi que par des performances marquantes, notamment celles d’Ibrahima Mbaye dans le rôle de Massamba et d’Anna Diakhere Thiandoum dans celui de Mati. Bien qu’il s’agisse du récit d’une survie, le film s’inscrit également dans une démarche de mémoire, offrant une réflexion profonde sur l’héritage de l’esclavage et sur l’importance de ne pas oublier ces chapitres tragiques de l’histoire.


En salle depuis le 18 septembre





Jessica Baucher


Photo en tête d’article : Ni chaîne ni maître- Copyright France 2 Cinéma/StudioCanal/Chi-Fou-Mi Productions/Les autres Films

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