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Le président péruvien Pedro Castillo fait face au drapeau blanc et rouge du Pérou

Au Pérou, le président Castillo sommé de défendre les autochtones d’Amazonie

Comme au Brésil, les peuples autochtones vivants dans la jungle amazonienne péruvienne sont menacées par l’orpaillage illégal. Ils subissent aussi la terreur du narcotrafic. Pour conjurer le sort, une organisation regroupant de nombreuses communautés en appelle au président péruvien Pedro Castillo, afin qu’il accède à leurs revendications.

Un énième appel à l’aide pour la sauvegarde des peuples autochtones et de leur intégrité. Au Pérou, les communautés autochtones de la forêt amazonienne sont victimes de l’orpaillage illégal et du narcotrafic. Face à ces menaces, l’association interethnique pour le développement de la jungle péruvienne (AIDESEP) souhaite rencontrer le président péruvien Pedro Castillo afin de le convaincre d’agir dans l’intérêt de ces communautés. Après un premier refus de la part de son administration mercredi dernier, des manifestations ont eu lieu dans le pays.

L’AIDESEP a un poids majeur, puisqu’elle représente soixante-quatre peuples autochtones amazoniens, répartis dans plus de 1 800 communautés à travers le pays. Cela regroupe environ 650 000 femmes et hommes. Son objectif est de protéger et de renforcer l’intégrité territoriale des peuples autochtones d’Amazonie, et de promouvoir le multiculturalisme au Pérou, afin de préserver le mode de vie autochtone.

De multiples revendications

L’organisation péruvienne a formé ce qu’elle nomme le grand agenda de l’AIDESEP, contenant une liste précise de revendications. Plusieurs demandes ont été faites sur le plan politique et organisationnel, à commencer par la mise en place d’un vice-ministère des peuples autochtones, la création de circonscriptions électorales autochtones, ou encore une nouvelle réforme agraire dans le but de garantir l’autodétermination et la gestion des forêts et de sécuriser les territoires autochtones.

Sur le plan économique et social, l’AIDESEP demande à ce que 1 % du budget de l’État soit alloué au financement de projets de développement pour les peuples autochtones, ainsi que la mise en place d’un programme de santé pour former des professionnels autochtones et améliorer l’offre de soin dans ces communautés. Enfin, sur le plan judiciaire, l’organisation demande à ce que soient garantis les droits des peuples autochtones présents sur le territoire, sur la base des normes nationales et internationales de protection des droits fondamentaux humains.

Près d’un an et demi après sa prestation de serment à Lima, Pedro Castillo est déjà contesté dans son pays et a échappé de peu
à une procédure de destitution, Vice-Presidência da República (Flickr), CC-BY



Pour l’heure, ces revendications restent sans réponse de la part de Pedro Castillo, mais celui-ci s’est défendu ces derniers jours. En déplacement dans des territoires isolés du pays au contact de la population, le président du Pérou a prétexté un agenda surchargé et une feuille de route à laquelle il ne veut pas déroger, à savoir la reconstruction du pays et un renforcement démocratique. « C’est notre façon de travailler et personne ne peut nous enlever ou modifier notre agenda, car c’est vous qui nous avez mis à la tête du pays », a-t-il affirmé.

Extraction de l’or et production exponentielle de cocaïne

Le Pérou est gangréné, comme d’autres pays, par l’orpaillage illégal. Les chercheurs d’or se font de plus en plus présents, mais ils ne sont pas les seuls. En effet, les terres péruviennes sont depuis longtemps une plaque tournante du narcotrafic. Où plutôt une terre fertile pour la production de coca, plante d’où est issue la cocaïne. Une production exponentielle, à tel point que le Pérou serait le deuxième producteur mondial de cocaïne selon un rapport des Nations unies sur les drogues datant de 2018.

Des laboratoires clandestins de cocaïne poussent en pleine jungle, parfois sur des terres ancestrales, Ministerio de Defensa del Perú (Flickr), CC-BY

Des centaines de tonnes y sont produites chaque année au Pérou selon les autorités, ainsi qu’en Colombie et en Bolivie ; la drogue est ensuite acheminée vers l’Amérique centrale avant de passer aux États-Unis, principal pays consommateur, ou d’être dirigée vers les autres continents. Cet empire commercial a un impact direct sur la vie des communautés autochtones. Elles subissent des menaces de la part des trafiquants, qui n’hésitent pas à s’installer sur des terres ancestrales et à faire disparaître quiconque tenterait de stopper ou dénoncer ce marché à plusieurs milliards de dollars.

La situation est critique selon l’AIDESEP, qui recense vingt-trois assassinats de défenseurs autochtones au Pérou de 2013 à aujourd’hui. « Face à cette situation de vulnérabilité, les familles des victimes demandent le soutien des différentes institutions étatiques pour accéder à la justice et punir les responsables des meurtres de défenseurs des droits de l’Homme », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Antoine Portoles

Photo en tête d’article : Le président du Pérou Pedro Castillo fait face au drapeau national, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de la patrie péruvienne, Ministerio de Defensa del Perú (Flickr), CC-BY

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