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© Fifaliana Joy - Pixabay

Ambatomanga… Témoigner du silence !



Dans son nouveau roman Ambatomanga – Le silence et la douleur, Michèle Rakotoson, journaliste et romancière malgache, raconte avec beaucoup d’émotions la conquête coloniale de son pays au XIXe siècle. À travers cette vaste fresque historique, elle nous livre un récit sans concession sur le système colonial français et sa brutalité. Michèle Rakotoson tente de retrouver les mots enfouis et non verbalisés durant cette époque tragique de l’histoire : l’invasion du royaume malagasy, en 1895, par les troupes de Joseph Galliéni et l’exil de la reine Ranavalona III.

◆ La plume dans l’âme
Michèle est née à Antananarivo en 1948, d’un père journaliste et d’une mère bibliothécaire. Après un DEA en sociologie, elle a enseigné plusieurs années puis démarré à son tour une carrière de journaliste à la radio (RFI – France Culture) et à la télévision (RFO), avant de prendre la décision de retourner dans son pays natal. Elle s’est mise à écrire dans les années 1970 et a publié de nombreux ouvrages : romans, nouvelles, pièces de théâtre, chroniques autobiographiques et essais. En 2012, cette grande dame des lettres africaines et malgaches a reçu la Grande médaille de la Francophonie par l’Académie française, pour l’ensemble de son œuvre.

Michèle Rakotoson


◆ Mission

Ambatomanga – Le silence et la douleur, son nouveau roman, retrace les coulisses d’une page marquante de l’Histoire. Ambatomanga est un village de Madagascar situé à cinquante kilomètres à l’est d’Antananarivo, la capitale. L’histoire racontée par l’auteur offre deux points de vue : celui de Tavao, courageux esclave à Ambatomanga, au service d’un médecin au front et celui de Félicien Le Guen, officier français qui vient de passer sept ans en Algérie. Leurs vies sont rythmées par l’attente, les doutes, les rumeurs et la peur… révélant l’absurdité d’une guerre terrifiante. L’écriture poétique de Michèle Rakotoson, nous fait traverser intensément les dix mois durant lesquels un peuple perd sa souveraineté : « 1894, la France s’apprête à envahir Madagascar. Félicien Le Guen, soldat français rejoint alors son contingent sur la Grande ile. Pendant ce temps, Tavao, esclave, porteur, à Madagascar vit dans la peur tenace d’une guerre imminente, mais il doit rejoindre le combat. Confrontées aux affres de la guerre, les convictions de ces jeunes hommes cèdent place aux désillusions, et les souffrances font trembler leurs espérances. Sous une chaleur moite et brûlante, au fil de la traversée lancinante de forêts et de marécages infestés de moustiques, résonne le cri de ces soldats écrasés dans l’étau d’une colonisation naissante ». Animée par une logique de conquête coloniale, la France s’apprête à envahir l’Ile rouge afin « d’aider les pays arriérés à sortir de l’état sauvage dans lequel ils baignent tous et d’apporter la civilisation dans les terres lointaines », souligne-t-elle.


©Pixabay


L’histoire a été réécrite
Bien que dans son prologue, Michèle Rakotoson en appelle à la compassion, cela ne l’empêche pas de montrer, sans aucune ambiguïté, l’injustice du système colonial et de ses prétendues lumières que le ministre français Jules Ferry vantait devant le Parlement en 1885; celui-ci même qui déclarait « développer le pays et apporter à Madagascar la civilisation et la culture française ». En explorant l’intime des deux protagonistes de son histoire, Michèle répare, d’une certaine manière, le déni de mémoire et montre toute l’injustice du colonialisme. « La colonisation, c’est voir l’autre comme un outil de production à bas prix », affirme-t-elle.
L’indépendance de Madagascar a été proclamée le vingt-six juin 1960, après soixante-quatre ans de colonisation française…



© Éditions Atelier des Nomades


« Ma mère me disait toujours qu’à l’âge de deux ans, trois ans, je dormais la tête appuyée sur un livre. Elle, elle travaillait, elle était bibliothécaire et sa bibliothèque était juste en face de chez nous, sur la colline d’en face. Et je souffrais beaucoup de l’absence de ma mère. Donc, pour avoir un lien avec ma mère, j’avais des livres. Dès l’enfance, ça a été ma passion. C’est passionnant un livre, c’est passionnant un mot… », Michèle Rakotoson


Jessica Baucher


Pour aller plus loin...
– Lire Ambatomanga, le silence et la douleur de Michèle Rakotoson
– Page FB de l’association BOKIKOmon livre » en français), fondée par Michèle Rakotoson, dont le but est de relancer l’édition à Madagascar et d’aider au développement d’une politique de lecture publique dans l’île.


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