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Mine de lithium au Nevada : des Autochtones dénoncent « la profanation d’un site sacré et du tout électrique »





Le lithium est un métal indispensable pour la fabrication des ordinateurs, smartphones et surtout des batteries de voitures électriques. Sa demande explose car la vente des véhicules électriques ne cesse d’augmenter (une batterie contient 10 kg de lithium en moyenne). L’Australie en est le premier producteur mondial et concentre la moitié de l’extraction. Elle est suivie du Chili (25 %, puis de la Chine (16 %) et de l’Argentine (7 %). Or, un des plus grands gisements de lithium aux États-Unis a été découvert sous les sites historiques des tribus Paiutes-Shoshones du Nevada. La compagnie minière Lithium Americas prévoit d’exploiter ce gisement dont la valeur nette serait de 5,7 milliards de dollars après impôt. Allochtones, éleveurs et autochtones de la région se sont alliés pour s’opposer à ce projet qui détruira un site culturel et qu’ils qualifient d’aberration. Ils ont réussi à faire repousser les travaux qui auraient dû débuter en 2021, puis installé des camps pour protéger ce territoire encore vierge mais ont été délogés par la police en juin dernier. Malheureusement, les travaux de terrassement ont débuté pendant l’été 2023.


Un combat judiciaire en cours
« Depuis cet événement, sept opposants sont poursuivis par la compagnie minière, révèle le site www.ici.radio-canada.ca. Un éleveur, quatre groupes environnementaux et deux autres communautés autochtones ont pour leur part engagé des poursuites judiciaires. Les autochtones et les groupes de protection de l’environnement souhaitent l’annulation pure et simple du permis délivré à Lithium Americas pour son projet. Les communautés autochtones de Reno-Sparks, Burns Paiute et Summit Lake Paiute ont intenté leur propre action en justice. » Le Bureau d’aménagement du territoire, en charge de délivrer les permis, ne les a même pas consultés. Seule, la plus proche tribu, celle de Fort McDermitt, « a signé un accord sur les avantages pour la communauté avec la tribu des Paiutes-Shoshones de Fort McDermitt », se défend la compagnie. Si elle en partie favorable au projet c’est parce qu’elle espère en retirer des royalties. Mais au sein de cette communauté, des voix s’élèvent aussi contre ces travaux.

Le projet est situé à environ 500 kilomètres au nord de Reno, sur le site de Thacker Pass, assez loin d’où vivent les autochtones. Mais pour Michon Eben, responsable du programme culture et ressources et du Bureau tribal de préservation historique et membre de la communauté de Reno-Sparks : « Ce n’est pas parce que c’est loin de l’endroit où nous vivons maintenant que cet endroit ne représente pas qui nous sommes. C’est oublier le vaste territoire qu’occupaient les nations autochtones du Nevada et des États limitrophes avant l’arrivée des colons. »





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 Profanation d’un site sacré
Thacker Pass est un site sacré, appelé Peehee Mu’huhen par les Paiutes, en passe d’être sacrifié au nom de la transition énergétique. En plus d’être un site funéraire. En effet, en septembre 1865, un massacre a été perpétré sur ces terres. Plus de trente personnes (hommes, femmes et enfants) de la Nation paiute ont été tués par des soldats fédéraux américains. Cet événement historique semble avoir été ignoré puis nié par les défenseurs du projet, alors que c’est ici que reposent plusieurs ancêtres de ces autochtones. « On ne peut pas annihiler une culture, un écosystème, ni tarir nos sources d’eau simplement pour que quelques riches aient une voiture électrique », estime Michon Eben.
En outre, autochtones et écologistes s’accordent pour reconnaître le mensonge qui entoure les voitures électriques : « Il faut expliquer aux gens que les voitures électriques ne vont pas sauver la planète de la crise climatique. » D’autant que cette mine présente aussi « un risque pour tout l’écosystème du secteur », selon Mme Eben. « Les mines de lithium nécessitent énormément d’eau, alors que le Nevada est un des États les plus secs des États-Unis », ajoute-t-elle. Le lithium n’existe pas à l’état natif dans la nature. Il faut donc l’extraire à partir de roches, d’argile ou de saumure. Il est ensuite récupéré et raffiné dans une usine par des traitements chimiques. Ces procédés, très énergivores et grands consommateurs d’eau, permettent d’obtenir du carbonate de lithium, qui sera utilisé par les industriels. (Selon le site https://culturesciences.chimie.ens.fr pour sortir une tonne de lithium, deux millions de litres d’eau sont nécessaires).



Brigitte Postel, avec Radio canada


+ Crédit photo en-tête d’article : ©peopleofredmountain.com


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